Un cargo tiré par un cerf volant géant de 160 m² : c’est le moyen qu’a imaginé la société allemande SkySails pour réduire de manière significative la consommation de fioul des navires de transport maritime. Certains experts s’avouent toutefois sceptiques, considérant qu’il y existe aujourd’hui d’autres moyens plus fiables de réaliser des économies.

Un navire de 87 mètres tiré par un cerf-volant de 160m² de voile blanche, permettant de réduire la facture de fioul de 10 à 15 %, c’est ce que propose depuis 10 ans la start up allemande SkySails qui se présente comme le leader mondial de cette technologie. Ce moyen de propulsion est surtout adapté aux cargos et aux pétroliers naviguant à petite vitesse, soit moins de 15 noeuds (28 km/h), lors de longues traversées dans des régions à fort potentiel de vent, selon les ingénieurs.

Prix du carburant en hausse et lutte contre les gaz à effet de serre
Plusieurs arguments militent en faveur de cette technologie, considèrent ses principaux promoteurs.
“Le prix du carburant va certainement augmenter de façon dramatique à l’avenir, et les restrictions aux émissions de gaz vont imposer des coûts supplémentaires au transport maritime dans les quatre à cinq prochaines années” en raison de nouvelles mesures de lutte contre le réchauffement climatique, prévoit Michael Gadzali, du groupe d’investissements maritimes Oltmann, principal financier de SKySails.
“La technologie du cerf-volant permet d’exploiter plus d’énergie que tout autre équipement utilisant l’éolien”, y compris les voiles de bateaux, déclare Stephan Wrage, patron de SkySails.

Seulement 5 cerfs-volants vendus au prix de 500.000 à 1 million d’euros
Mais Contrairement à ses cerfs-volants, la compagnie n’a toujours pas encore le vent en poupe. “Quand j’ai fondé SkySails, le prix du pétrole était de 21 dollars (le baril) et tout le monde pensait que j’étais fou”, déclare Stephan Wrage, 38 ans. Le développement de la technologie s’est fait lentement, avec nombre de revers. Et la compagnie a souffert de la crise économique qui a rudement frappé le commerce maritime. “Les temps ont été durs”, reconnaît M. Wrage, dont la compagnie n’a réussi jusqu’à présent qu’à placer cinq cerfs-volants à bord de navires, au prix de 500.000 à 1 million d’euros. Mais il voit dans la course aux économies d’énergie et la reprise économique l’espoir d’un nouvel envol.

Système pas adapté aux porte-conteneurs à grande vitesse
Certains spécialistes demeurent toutefois sceptiques. Le système “n’est pas adapté à la plupart des porte-conteneurs qui naviguent à haute vitesse”, considère Max Johns, porte-parole de l’Association des armateurs allemands. Le cerf-volant, selon lui, ne sera qu’un élément dans une panoplie de nouveaux systèmes qui verront le jour pour pallier l’augmentation du prix du carburant, qui représente actuellement 60% du coût des transports maritimes.

Les moteurs à gaz plutôt que l’énergie éolienne
La propulsion éolienne “ne va pas joueur un grand rôle pour l’instant”, déclare pour sa part Uwe Hollenbuch, un ingénieur responsable du bassin d’expérimentations techniques maritimes de Hambourg. Les armateurs estiment “qu’ils font plus d’économies en utilisant des navires plus grands et en réduisant leur vitesse” qu’en ne comptant que sur les aléas du vent. “Je ne pense pas qu’on en revienne à l’énergie de la voile”, ajoute Uwe Brümmer, capitaine et responsable des inspections à la compagnie maritime SAL, qui voit l’avenir dans les moteurs à gaz.

source: letelegramme.com

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